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Aide au Bac de Français




Les Lettres Persannes (1721)
Montesquieu (1689-1755)

Lettre 28




Montesquieu, noble bordelais, est un des initiateurs du mouvement des Lumières en France, philosophe, moraliste et écrivain français.
L’auteur doit sa célébrité à l'une de ses œuvres : les Lettres persanes, roman épistolaire, où il fait la satire de la société française de son époque à travers le point de vue de deux perses, Usbek et Rica, en voyage à Paris. Cette correspondance a été créée afin d'obliger le lecteur français à regarder d'un œil neuf son propre mode de vie, sa culture, ses institutions ses dirigeants.
La lettre n°28 est la première écrite de Paris : présentation d’une occupation courante des Parisiens, le théâtre, faite par un témoin de bonne foi, et naïf.



EXPLICATION:


I Aspect documentaire

a) témoin objectif
témoin de bonne foi, honnête, qui regarde la salle :
- marques personnelles de la première personne du singulier « je » => point de vue interne.
- indices de la troisième personne du pluriel ou du singulier qui désignent des personnes absentes de la situation d’énonciation, celles que le narrateur observe.
+ présent : discours écrit, lettre où il donne un point de vue impartial
comparaison avec la Perse : « comme celles qui sont en usage en notre Perse » (l.6)
ð Rica écrit à un correspondant qui n’est pas nommé mais qui est perse , il veut se faire comprendre de lui et cherche à faire voir ce qu’il voit => clarté.

b) ce qu’il voit
situations précises : indices de temps et de lieu + temps des verbes
les objets de sa vision :
- les spectateurs hommes (« amant ») ou femmes (« amante affligée ») : c’est un lieu d’intrigues amoureuses
- les actrices : femmes de la bonne société (« à demi-corps », « manchon »)
- les différences sociales entre les loges et le parterre =>symétrie (« Il y a en bas une troupe de gens debout, qui se moquent de ceux qui sont en haut sur le théâtre, et ces derniers rient à leur tour de ceux qui sont en bas »).
- les élégants : petits maîtres avec une canne (« béquilles »).
- « salles » : foyer (lieu de rencontres) et loges des actrices.

c) ce qu’il discerne
champs lexical de l’approximation : « une chose », « une espèce de » , « à peu près », Rica utilise des termes génériques : « hommes », « femmes » et des périphrases (« de petits réduits » pour dire loges).
opposition des hommes et des femmes :
1) langage muet des femmes (l.7) qui s’expriment avec leur corps => pantomime : « une amante affligée qui exprime sa langueur », « dévore des yeux son amant », « toutes les passions sont peintes sur les visages » :
- verbes d’état
- rythmes croissant => régularité du spectacle qui s’amplifie
2) les hommes sont actifs (l.14-21)
- accumulation de verbes d’action
- indices de lieux où ils se rendent : « partout », « des endroits qu ‘eux seuls connaissent », « d’étage en étage », « en haut, en bas, dans toutes les loges », « le lieu de la scène »


II Monde inversé

a) observateur naïf car étranger
explicite :
- « assez singulière » : étonnement
- étranger donc il fait répétition
implicite :
- étranger car il se trompe, confond les acteurs et les spectateurs : « jouent »
ð voit une imbrication du théâtre
ð point de vue naïf : présente les choses comme un homme non-averti les voit.
è tout le monde joue la comédie.

b) comédie sociale
- agitation
- mensonge
les hommes gesticulent
les femmes montrent leur sentiments et font preuve de fausse modestie (elles sont impudiques).
è Monde où le langage n’a pas d’importance car tout est mensonge. Monde incohérent car la vérité est différente de l’apparence : on y est double.
Comédien : statut à part (l.25-29) qui suscite l’envie mais aussi la critique => symbolise la société.


Conclusion
Le tableau peint par Rica est énigmatique.
Il a un regard naïf propre à faire tomber les masques => révélateur de la futilité du monde lui-même à travers le théâtre.
D’autres procédés révélateurs :
- ironie
- comédie
- grossissement tragique

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